Le Dr Amélie Tournier, dermatologue à l’hôpital Bichat et au Centre médical de santé de Saint-Ouen copilote le groupe de travail ville-hôpital du projet territorial de santé. Elle nous parle de son expérience d’exercice partagé de la médecine entre l’hôpital et la ville.
Gràce à un partenariat établi depuis plusieurs années, vous exercez la médecine au Centre Médical de Santé (CMS) de Saint-Ouen et à l’hôpital Bichat. Quel est, selon vous, le bénéfice de cette organisation pour le patient et pour vous-même ?
« Ce partenariat facilite le parcours de soins des patients relevant d’une prise en charge hospitalière, pour une intervention chirurgicale ou un bilan en cas de pathologies complexes. En cas d’avis surspécialisé (pathologies des phanères, de la muqueuse buccale, ou de cancer par exemple), j’ai, grâce à mes interactions quotidiennes avec mes collègues, un accès privilégié à des spécialistes de chaque pathologie.
Cette organisation offre également aux patients un accès à des consultations de spécialités absentes en ville et de « désengorger » l’hôpital des pathologies plus bénignes qui peuvent être traitées en ville et cela dans des délais plus courts.
De mon côté, cette activité « mixte » est plus variée. Elle me permet de prendre en charge les pathologies simples comme les plus complexes, tout en ayant accès rapidement à un plateau technique hospitalier riche, et d’interagir au quotidien avec mes collègues médecins généralistes en ville. »
Vous avez été désignée pour piloter un groupe de travail ville-hôpital autour du projet territorial de santé, quels en sont les objectifs ?
« La première réunion qui réunissait les différents acteurs de santé, libéraux, hospitaliers et extra-hospitaliers du 92, 93, 17ème et 18ème arrondissement de Paris (médecins exerçant en Centre Médicaux de Santé et à l’hôpital, cadre de santé, kinésithérapeutes, infirmiers, pédicures et podologues, chefs de services, etc.) et des membres de l’AP-HP et de l’ARS, nous a permis d’établir un état des lieux des interactions existantes entre la ville et l’hôpital. Il nous permettra de constituer un plan d’actions pour améliorer la prise en charge globale en santé de la population du territoire.
Notre bassin de population est caractérisé par un pourcentage non négligeable de patients précaires, fragiles, avec des difficultés d’accès aux soins, dans une zone sous-dotée, comme malheureusement beaucoup d’autres, en personnels de santé, avec peu de nouvelles installations de médecins libéraux actuellement. »
L’exercice partagé représente-t-il une organisation à développer dans le cadre du nouvel hôpital qui se construit à Saint-Ouen ?
« Il apparaît primordial de développer et d’améliorer la coordination et les interactions entre les acteurs de santé de ville et les hospitaliers, pour permettre une prise en charge la plus fluide possible et de qualité pour nos patients. Des actions doivent être mises en place dans ces années de transition autour du projet de Campus, pour ne pas voir se dégrader la prise en charge en santé de la population du territoire et faciliter le travail de chacun. D’autres réunions vont avoir lieu prochainement pour poursuivre l’élaboration de ce projet territorial de santé. »